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UN SENTIMENT ? Pour qui ? Se rêve inaccessible mais si vivant en soi ! :


Parfois, une émotion surgit du néant et assaille notre conscience. L'effet est si fort qu'elle ne peut contenir en entier dans notre intelligence. Elle déborde de notre compréhension, de nos capacités d'explication et d'analyse. Alors, affolé, on cherche des mots, des symboles, des évocations qui pourraient décrire suffisamment, pour pouvoir fixer un semblant de souvenir. Si une feuille de papier égarée est à porté de plume, elle se noircie de signes qui font plus de mal, tant ils sont loin de la réalité ressentie, mais, écrire libère par un semblant d'éternité attribué abusivement à l'écrit. Une émotion ? Sans doute, mais lorsqu'un flot d'émotion nous submerge, la main paralytique est désespérante d'inefficacité, et, comme le sable qui s'écoule entre nos doigts, l’essentiel s'évapore de notre esprit meurtri, et c'est le désespoir : on ne peut retenir le sublime fugitif ! Une lueur dans ses yeux, un tremblement de sa lèvre, un silence qui agrandi son regard... Il est impossible d'expliquer et c'est un livre complet qui s'efface de notre mémoire. Quelque chose est passé, personne ne peut dire quoi, mais chacun en reste longtemps troublé, la gorge serrée, le cœur au galop, les tempes brûlantes et la raison obscurcie. On peut rester longtemps piégé dans ces secondes séculaires, suspendu dans l'attente de je ne sais quoi qui ne viens pas. Immergé dans le plus stupide des corps, incapable de réagir, on demeure dans l'ivresse d'un instant irréel mais si présent dans notre cœur. Si cette paralysie dure trop longtemps, survient les regrets, les doutes et une sourde colère contre ses instants inefficaces où nous n'avons pas su, pas pu, saisir la chance inespérée et renverser le cours des choses. Après le paradis, l'enfer ! Si le ravissement ne dure qu'un clin d’œil, la déception semble éternelle. La nuit venue, au fond des draps, les larmes coulent sans raisons apparentes, car la conscience tente d'effacer la catastrophe, mais le cœur, lui, souffre toujours de la blessure. Combien de temps la cicatrice restera au fond de l'âme ? Je souhaite qu'elle disparaisse vite si je pense à la douleur récurrente, mais je prie pour qu'elle soit éternelle car c'est un de ses moments essentiels que j'aimerais emporter dans l'au-delà. À coté de cet instant miraculeux d’intensité, la vie a peu de consistance et d’intérêt. Ces instants sont le sens d'une vie, même s’ils font songer à la mort ! Qui sommes nous, écorché vif d'ici bas ? Nous devenons des ombres, qui, pas plus qu'elles, ne peuvent agir sur notre destin. Notre désir, nos espoirs, nos rêves sont illusions qui tentent de ne pas nous laisser commettre l'irréparable. Mais, ce qui est irréparable, n'est-ce-pas cette vie gâchée et ces aspirations vaines ? Ne serait-il pas plus judicieux de rassembler ces instants précieux qui, comme des appâts de pêcheur, nous ont été accordés pour nous éblouir et faire espérer ? Finalement, ce sont les seuls bagages que nous garderons en notre cœur au moment de passer de l'autre côté de la frontière ! Il est des destinées appelées à ce rejoindre et rester unies. Mais, on ne sait pourquoi -le battement d'aile d'un papillon ?- et leurs trajectoires rebondissent au premier contact pour s'éloigner inexorablement l'une de l'autre. On assiste impuissant à cette dérive, et, comme ceux qui restent à quai, on constate que le train s'éloigne et disparaît, là-bas, tout au bout des rails. Une partie sensible nous est arrachée, on reste meurtri, amputé et dolent. Le courage nous manque pour renter à la maison et admettre l'inadmissible : Elle est partie ! On devient orphelin de nous-même, seul dans la foule, inconscient du monde, cadavre sans tombeau. Une vie se termine, peut-être imaginée, mais tellement plus chargée de sens et de rêves. J'espérais, même sans espoir. Et il faudrait abandonner aussi l'espérance ? Mais que reste-t-il donc à ma vie ? J'ai déjà voyagé dans l'obscurité, et cela me fut facile, car la lumière intérieure éclairait ma voie. Mais dorénavant, elle n'éclaire plus rien, peut-être est-t-elle déjà éteinte. La vie ne nous épargne pas, mais, du haut de notre croix, on triomphe en quelque sorte. Exposé au vu et su de tous, on est dans sa gloire, et les souffrances attirent encore respect et considération. Puis, il y a la descente de croix, et on se transforme en corps mort, sans plus de compagnie que celle d'un linceul. On doit disparaître ! Et même si, par miracle, on ressuscite, plus personne ne vous reconnaît. L'amour est mort… a-t-il vraiment vécu ? Toute ma vie je t'ai cherché, mais tu ne t’es pas montré. Dans mes bontés, comme dans mes erreurs, je t'ai cherché. Pas un signe, pas un mot, pas une lumière pour moi : est-ce que je suis né pour être aveugle à tout cela ? J'ai vécu, j'ai souffert en mon corps et en mon esprit, et cette vie est restée pour moi stérile. J'espère qu'en dépit de tout, je n'ai pas été néfaste pour mes proches, et pour les autres aussi. Mais je mourrais sans savoir ni qui j'ai été, ni où je vais. Cela ne me fait pas peur, l'incertitude fut toujours mon lot. Toutefois, n'aurais-je pas été plus utile si j'avais su ? J'ai visité les parvis de la mort, mais je n'y ai rien vu qui puisse me guider. Cette ignorance me pèse plus que mes remords. Toute ma conscience en fut meurtrie et je la redoute bien plus que la mort elle-même. Je n'ai plus rien à faire par ici, tout ce que j'ai rêvé a été trahi. Par jalousie, ambition, aveuglement, bêtise ou méchanceté, ils ont tout détruit. Maintenant, cela m'est indifférent, après tout c'est LEUR vie désormais, plus la mienne ! Il est une malédiction infiniment plus terrible ici-bas que toutes celles qui nous font souffrir et nous rendent malheureux : celle qui nous a condamné à ne jamais être heureux ! C'est un vide complet qui n'offre aucun appuie pour retenir sa chute. Je suis cet esclave à qui on n'a jamais permis d'être un homme véritable. Elle est venue, m'a vu, et est repartie. Elle a été repoussée par mon aspect, mon trouble, mon attitude, ma laideur sans doute. On ne déçoit pas parce que l'on a raison ou tord, par sa personnalité ou son esprit, mais parce que l'on n'est pas conforme à ce que l'on attend de nous. Une femme sait tourner la page, mais ignore la façon de revenir en arrière. Tout jugement rendu est sans appel. L'homme, lui, passe son existence à rêver que des chemins qui s'éloignent se croisent à nouveau. Il est asservi à ses déceptions et ses regrets. Que pourrais-je faire pour qu'elle (re)vienne ? Qui pourrais-je devenir pour que… Non la femme ne regarde pas l'être ! L'homme peut aimer une femme défigurée, la femme non. Pourtant que d’aventures spirituelles pourrait-on vivre, sans même que les corps se touchent. Nous sommes encore trop asservis à notre animalité pour éprouver vraiment l'amour véritable, l'étreinte des âmes. Je l'ai constaté parfois entre une vivante et un mort, jamais entre deux vivants. Peur de s'engager, peur de se tromper, peurs qui reportent la décision au-delà de la limite ou une décision est possible ? Il est un brouhaha tel en nos esprits que l'on n'entend plus la VOIX du cœur qui est la VOIE de la vie. Alors on passe sa vie à mourir peu à peu. J'ai eu le malheur qu'elle soit trop belle, et donc décidée à vendre chèrement son aspect extérieur à un aspect équivalent ou mieux. Je ne vais tout de même pas souhaiter qu'un accident la défigure comme il m'a défiguré. Je préfère qu'elle soit heureuse, même sans moi. Elle décide et je me retire ; mais c'est de ma vie que je me retire : elle n'en saura rien et se sera bien ainsi. J'ai horreur de ces prédateurs qui se jettent sur une proie, la dévore et laisse son cadavre aux charognards. Moi, j'allais dire je préfère, mais c'est faux : je n'ai pas le choix, c'est ma nature et je le constate. Moi je suis fait pour donner. Mon rêve est de donner le bonheur total sans ombre. Je donnerais volontiers ma vie pour cela… surtout pour elle. La négociation avec l'au-delà est impossible, et la haut on reste sourd à ma supplique : je reste vivant et mes amis continuent de peiner. Pour l'instant, je vie avec son fantôme qui me suit partout. Je ne sors plus de chez moi, je ne lis plus, je n'écoute plus la radio ni ne regarde la télévision. Parfois je doute de penser encore par moi même. Mon imagination me fait vivre mille scénarios les plus extraordinaires les uns que les autres qui finissent toujours par des aveux réciproques. Alors ma raison se révolte et je ne peu plus retenir mes larmes. Le temps des sanglots terminé, il semble que je reprenne sens de la réalité quelques minutes avant un nouvel assaut de l'imagination. Je ne dors qu'au petit matin, quelque temps, abruti par trop de fantasmes et de cogitation absurdes. Il semblerait que je sombre dans la folie. Même conscient du fait, je ne puis m'y opposer. Je suis à la dérive. Si je dois devenir fou, que cela arrive vite, je ne puis encore hésiter longtemps entre rêve et réalité. De toute façon, je ne m'en sortirais pas sain d'esprit, sauf si… non, par pitié, pas de scénario supplémentaire ! Je me suis rendu compte que, dans un couple d'amour… Je parle ici d'amour véritable entre un homme et une femme, pas un mariage social, ou l'autre est choisi sur son aspect, sa prestance en publique, son statut, son argent ou sa faconde. Non une relation intime ou les espaces sacrés de chacun vont se mélanger, ou la confiance permet de mettre en commun l'essentiel, ou le sens même des deux se mixte… Enfin un véritable amour spirituel. Aucun des deux amants ne peut créer cet amour chacun reste impuissant devant l'autre. Bien sûr les deux peuvent l'alimenter : la tendresse, l'attention, la chaleur du cœur, les petits moments de contemplation commune… sans doute plus que les délires du corps, contribue à entretenir ce dialogue intime et cette fraternité d'âme. Mais créer l'amour ? Non ! Pourtant il préexiste entre eux une sorte de connivence, de communion inconsciente, une intelligence commune, une ressemblance des âmes, qui elle seule, et indépendamment de la volonté et de la conscience de chacun des deux partenaires, crée l'amour. Souvent, l'un, unique des deux, ressent ce « je ne sais pas quoi » qui le lie à l'autre, mais si son partenaire est sourd à cet appel rien ne peut s'accomplir. J'ai connu une personne qui, pour des raisons de la raison, par aveuglement par préjuger, a ignoré l'appel du cœur et de l'âme. Et rien n'a pu se réaliser. Souvent, chacun repart avec une grande tristesse latente et leur vie continue dans la banalité désespérante. Mais si les deux ressentent cet appel et décident de l'écouter un petit instant, le monde de l'esprit s'ouvre à eux, et la plus belle et significative des aventures commence. Hélas ceci est un événement si exceptionnel... La séduction sociale assure la reproduction de l'espèce : cela fonctionne bien car la sélection naturelle, ainsi assurée, n'en demande pas plus. La séduction spirituelle, elle, n'existe pas, ou si peu. Est-ce pour cela que l'essentiel nous reste inaccessible ? On ne nous a pas donné, ou, nous n'avons pas acquis, la véritable liberté. Non pas celle de s'associer, de parler en public, d'écrire et de publier. Mais cette liberté qui donne la clarté d'esprit, l'indépendance vis-à-vis des préjugés, l'abstraction faite des règles communes et des pressions sociales et médiatiques. Cette liberté qui nous fait sortir de nos rails de penser et qui seule peut nous permettre d’apercevoir la Vérité si jamais elle passe à notre porté ! C'est un dur labeur que de la conquérir… et pourtant mon ami shaman, il y a trop longtemps, me disait : « Au moment de mourir, c'est le seul bagage qui te seras permis d'emporter ! » Malheureusement, j'ai pu expérimenter cette Vérité là ! Peut-on conserver sa clarté d'esprit, si on est habité par un fantôme ? En tout cas, en ce moment, pour moi, c'est impossible. Je ne redoute pas de penser avec toi, à travers toi, par toi, au contraire ; mais je n'arrive pas à penser sans toi. Toutefois ce fantôme, ce n'est pas vraiment toi, c'est sans doute une illusion et je pense par illusion, c'est sans doute un rêve et je ne pense qu'en rêve, c'est sans doute ma folie et je pense en folie. Il n'y a que toi qui pourrais remettre tout en ordre, pas ton fantôme. Tu doit être parti en vacance et je suis jaloux à en mourir de l'homme qui t'accompagne : au moins est-il doux et attentif à tes désirs ? Te comprend-t-il et vas-t-il au devant de tes envies ? T'apporte-t-il du bonheur et de la joie ? Désire-t-il plus que de jouir de toi et de ton corps ? Envisager-vous un avenir commun ou est-ce un divertissement passager ? J'ai tellement peur que tu ne soit qu'une ligne supplémentaire d'un carnet de bal déjà bien rempli ! Mais après tout, si tu recherches l'extase du corps, il est sans doute plus doué que moi… Toutes ces questions sont sans doute stupides, mais accumulées elle semblent mortelles lorsqu'elles chassent en meute. Aurais-je du me montrer dominateur et par quelque artifice te subjuguer de banalités et de certitudes toutes faites ? Je te préfère libre de tes choix, insoumise aux jeux convenus, consciente de ton avenir, clair en ton esprit et en tes sentiments. Attenter à cela, serait un crime impardonnable ! Je vénère trop cette égalité qui n'est pas identité, cette liberté qui permet de partir et qui donne toute sa noblesse au rester, cette remise continuelle en question qui oblige à demeurer dans l'effort pour et envers l'autre. Si on n'est pas ensemble -du verbe être-, on n'est pas du tout, on joue un rôle théâtral qui n'illusionne que les aveugles qui ne veulent pas voir. D'autres femmes se sont présenté à moi, je ne sais même pas si elle avaient un quelconque intérêt spirituel ou corporel, je les ai repoussé car personne ne pourra prendre ta place : on ne remplace pas one princesse par une quelconque midinette ! Rester seul ne m’effraie pas, cela fait officiellement tant d'années que je le suis. Mais rester sans toi, je ne tiendrais pas longtemps… Que se passera-t-il ? Je m'en moque car ce n'est plus important. Je vais abandonner mes activités, je vais vendre mon appartement et mes enfants seront « sorti d'auberge » tout au moins au point de vu financier ; et j'irais parler aux esprit de la forêt comme me la montré mon ancien shaman d'ami. Parler aux arbres est rassurant, ils t’écoutent eux ; et s’ils ne t’apportent pas de réponse, ils t’offrent leurs branches pour te pendre. C'est gentil de leurs parts ! Tu vois fantôme, sans doute vais-je bientôt te rejoindre, car je n'ai plus rien à hanter par ici. Je viens d'avoir une pensée désespéré : il faudrait que je sois plus rigolo si la faucheuse venais sonner à ma porte. Fut un temps si proche et si éloigné ou je faisais sourire et rire par mes blagues et jeu de mots : que le temps passe vite ! Et pourtant cette nuit il sera si long à s'écouler ! Tient, une ethnologue du CNRS m'avait demander d'écrire sur mes expériences passées avec le shaman… Elle va être déçue si elle se rappelle encore de moi. Je n'arrive plus à écrire, ni à lire. Enfin là j'écris, mais c'est pour ton fantôme, et c'est lui qui me le demande et préserve assez de mon énergie pour accomplir sa volonté. Et puis ton image me saute à la conscience comme un lion sur sa proie, je revoie tes yeux, ce regard qui m'a révélé tant de chose sur toi. Je pense que j'ai aperçu un morceau de ton âme, un pan de ta conscience, une parcelle de ta raison. Était-ce un reflet de la mienne ? En tout cas tout cela y ressemblait tellement. Ce fut comme si je te reconnaissais, d'une vie antérieure sans doute, ou alors l'ange m'avait déjà présenté ta photo en me disant : « c'est elle ! ». Je ne me suis pas posé de question : j'ai cru l'ange sur parole, mais il ne m'a pas secouru lorsque je devais conquérir ton cœur. Au contraire, tu es venu à ma rencontre alors que j'étais dans la pire situation possible. J'ai eu peur de me montrer ainsi à toi, car je savais l'horrible conséquence que cela pouvait avoir… et que cela a eue. Alors pourquoi ? Était-ce non pas un ange, mais un diable qui voulait me damner ? Si c'est cela, il a fort bien réussi ! Parfois, j'en suis à souhaiter que tu ais un gros chagrin, et que je puisse servir de « grand frère » pour te consoler, ta tête sur mon épaule et mes bras protecteur autour de toi. Et puis, je me traite moi-même de méchant d'envisager pour toi une peine de cœur. L'égoïsme avait repris le dessus d'une manière aussi puérile que possible. De toute façon je suis redevenu ce gamin qui pleurniche dans son coin… qu'a tu à faire d'un gamin ? J'ai beau me ridiculiser moi-même, cela ne marche pas : la plaie au cœur s'ouvre inexorablement. Je donnerais tout pour que ces peines te soient épargnées, que tu trouves ton bonheur, même hors de moi, même avec un autre homme en dépit de ma jalousie maladive. Je donnerais volontiers ma vie pour que tu réalise ton rêve sans regrets. Comme tu vois, ce gamin perdu n'a plus de chemin à suivre. Ce qui me fait le plus mal, c'est ton silence. Un silence qui contient le pire et le meilleur. Si tu m’avais dit ton mépris, j'aurais souffert en mon orgueil, sûrement, mais je ne me poserais plus ces satanées questions. Là je ne sais pas, je balance entre la fête et le cimetière, et je n'ai pas tant que cela le sens de l'équilibre en ce moment. Une seule consolation viendrait du bien que je pourrais t'apporter, sans doute cela m'apporterait la fierté de t'être utile : consolation du pauvre ! En fait, j'eusse aimé que tu m’adoptes comme ami, comme grand frère, comme partenaire de discussions. J'aurais caché mon amour et aurais été heureux d'être à tes cotés. Je rêve de petites caresses dans le cou, de mains dans la main, d'épaule contre épaule en regardant un beau paysage. Je rêve de ta tête posée sur mes genoux pour écouter le chant des oiseaux, de serrer ta taille contre moi et de sentir ta main serrer la mienne de la même façon. Je rêve de grandes discussions entre coupées de « je t'ai interrompu, tu voulais dire quelque chose, je t'en prie ». Je rêve de respect attentifs et de moments de franches rigolades. Je rêve de te soulever dans mes bras et entendre ton rire dans mon oreille. Je rêve de ces moments suspendus ou je te surprendrais au sortir de la douche. Je rêve de moments impudiques, si plein de pudeur et de laisser aller, parce que c'est toi et parce que c'est moi. Je rêve de longues nuits d'été ou nous resterions l'un contre l'autre pour seule couverture. Je rêve de petits mâtins où on se découvre jambes emmêlées. Je rêve de ces petits baisers donnés pour se rappeler l'un à l'autre. Je rêve de ses longs baisers passionnés que ni l'un ni l'autre ose interrompre. Je rêve de poser ma poitrine sur ton dos t'enserrer dans mes bras alors que tu admire un parterre de fleurs. Je rêve que tu m’avoues que tu as rêvé de moi, alors que je voulais te dire que j'avais rêvé de toi. Je rêve de ton rêve. Je rêve, je rêve, je rêve : il ne me reste plus que cela comme espoir et raison de vivre ! Et maintenant, que fait-tu dans ce monde insipide et indifférent ? T'est-il enfin donné l'attention, la tendresse, la chaleur d'une autre vie aimante ? Je pleure de te savoir seule et je pleure de te savoir avec un autre. On peut être toute seule avec quelqu'un et ne pas s'en apercevoir, ou longtemps après. Quelle horrible perte de sens. T’apercevras tu un jour qu'un pan entier de ton existence fut factice. Les apparences certes, mais la réalité intérieure ? Comment faire pour t'éviter cela ? Je ne sais pas si j'aurais, moi, réussi, mais je me connais, j'aurais tout tenter, minute après minute, car je ne sais faire que cela. Oh je sais, l'homme se considère indispensable et unique héro capable de savoir sauver le monde. Je suis réaliste, ou je tente éperdument de l'être. Je me présentais tantôt comme « ingénieur mais sentimental ». Je ne pense avoir menti sur aucune des deux qualificatifs. Je crois que je serais capable de mettre mes sentiments au service de l'efficacité si je puis dire, je l'ai prouvé par ailleurs et c'est comme cela que je me découvre moi-même lorsque je tente de me connaître. Ce n'est sans doute pas une garanti de réussite, mais une certitude que je resterais toute ma vie attentif à ton bonheur et ferais tout pour qu'il s'épanouisse totalement. En effet : mon propre bonheur ne serait-il pas de jouir du spectacle de ton bonheur à toi, en me disant que j'en suis la cause ? Je ne sais pas ou me mène cette confession, ni son avenir. Sans doute est-ce pour tenter de voir clair en mon désespoir. Je ne veux pas me plaindre, mais tenter de comprendre. Tu m’as poussé vers l'heure des bilans, et j'aurais aimé comprendre. Me comprendre puisque je reste seul dorénavant, alors que je m’apprêtais à appareiller vers une terre de… L'aventure échoue car j'ai fait naufrage au port : ridicule ! Je ne te dit pas que je ne pensais pas aussi à l'amour physique, excuse moi mais je suis un homme avec ses désirs et ses besoins. Mais pour moi c'est une conséquence et non un préambule. Si l'amitié et l'intimité dérive jusque là, c'est merveilleux. Mais si cela n'est pas le fruit d'un désir commun, mis en évidence par une proximité de penser, qu'est-ce au fond. Une manière de se soulager, de prouver sa domination ou ses capacités sportives. J'ai été sollicité par des personnes qui ne recherchaient que cela, et, tu me trouveras idiot, mais j'ai décliné. Je n'aime pas être un nom supplémentaire sur un carnet de bal, et j'ai horreur de la tromperie dans un couple. Je suis sans doute ringard, mais c'est physique chez moi. Si je ne vois pas briller le désir chez ma partenaire, si j'ai l'impression de passer derrière ou devant un autre… par compte arrivé à ce qu'elle s'abandonne totalement avec confiance, alors moi aussi je m'abandonne totalement. Mais au fond, c'est pour tout rapport de couple qu'il doit en être ainsi. Dans le dialogue comme dans les caresses. C'est cette complicité dans la vie et dans l'intimité qui peut seule nous lier vraiment et durablement. Sans elle comment peut-on entrer en symbiose et aller au fond d'un être supérieur qui n'est ni l'un ni l'autre mais qui est le couple. Si je m'en tiens uniquement à l'échange d'idée, j'ai connu cela avec beaucoup de mes apprentis. Nous étions dans le cadre d'instruction et j'ai réussi, à mon propre étonnement, à leur communiquer la foi en leur démarche et leur recherche de spiritualité. La plupart sont maintenant devenu des instructeurs actifs et efficaces. Avec des femmes, je n'ai jamais réussi ce que d'aucun peut faire, car à un moment cet abandon aux idées de l'autre avait une limite. Des discussions intéressantes, sans plus. Pourtant je sais que c'est possible, et que ces échanges peuvent aller bien plus loin que de l'instruction. Mais pour cela il est nécessaire que l'amour véritable soit le guide. Avec les compagnons de route et compagnonne de palabre, on s’arrête ou commence l'amour véritable. Pour les hommes, ils savent que je n'ai aucun goût pour eux, voir une répulsion réprimée, on peut aller assez loin, puisque sans ambiguïté. Pour les femmes, la peur de dériver coupe court assez tôt. Pour une amante, je suis sûr qu'il n'y a pas de limite. Maintenant je suis à la retraite, professionnelle et intellectuelle. J'eusse aimé me consacrer à une personne unique pour… peut être aller tout au bout d'une initiation véritable. J'avais écrit dans un petit carnet de maxime de mon cru : « La solitude nous rend vulnérable, et être deux c'est trembler de décevoir l'autre », aujourd'hui je traduirais par « être seul c'est rester dans la raison, être deux c'est pouvoir aller au bout de nous même et de l'autre ». Mais pour cela, au-delà de la simple raison, seul l'amour sert de référence et de garde fou. Sans amour l'homme fait mal à la femme. Inconsciemment il la soumet et la limite, quoi qu'ils en disent. J'ai trop côtoyé les hommes alors qu'ils se croyaient entre eux, pour le savoir. Avec l'amour, chacun s'adapte à l'autre il lui fait la courte échelle pour grandir. L'amour fait voyager ensemble et sans l'autre on reste statique. Dans un couple, c'est l'autre qui délivre le billet pour l'aventure, et s'il tarde notre désir lui donne la force de poursuivre et de proposer encore plus. Je sais maintenant pourquoi je tourne en rond et n'avance plus. J'espère tout au moins que toi tu poursuis ta route.